Archives mensuelles : avril 2014

Interview avec Joseph Mount de Metronomy (avril 2014)

J’ai eu le plaisir de rencontrer Joseph Mount, le fondateur et compositeur du groupe anglais Metronomy. Très relax – et fatigué – il m’a reçu dans les coulisses de l’Ancienne Belgique, quelques heures avant le début du concert archi sold out dont vous pouvez retrouver ma review et les photos ici.

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Joseph portait un beau survet, très différent de son costume de scène…

1)      Ce qui m’a frappé à la première écoute de ce nouvel album c’est l’importance des chœurs sur celui-ci. Pouvez-vous m’expliquer votre démarche à ce propos lors de l’enregistrement ?

JM : Avec ce nouvel album, j’ai pensé qu’il serait bien d’avoir un groupe qui assure les chœurs sur les morceaux. J’ai toujours aimé les chœurs. Sur l’album précédent (« English Riviera »), il y en avait déjà beaucoup mais je me doublais moi-même ou Anna (Prior, la batteuse) en faisait également un peu. Mais sur cet album, je me suis dit que ce serait bien d’avoir de nouvelles voix, de nouvelles textures à ajouter à l’ensemble. Ça a apporté quelque chose et je me dis dit que c’était le bon moment de la faire.

 

2)      Une question à propos du concept de cet album « Love Letters ». On ressent une certaine nostalgie avec des titres parfois assez tristes… Quelle était votre idée lorsque vous avez commencé à travailler sur ce nouvel album ?

JM : J’ai commencé à travailler sur cet album sans avoir un concept. L’idée originelle pour cet album était de l’enregistrer dans un studio analogique et de le réaliser à l’ancienne. Et je pense que ça lui a donné cet aspect assez 60’s. Mais il n’y avait vraiment pas de concept au départ. Notre vie dans le groupe a été essentiellement consacrée à tourner un peu partout durant les deux dernières années. Mon expérience de vie a donc été assez limitée et je ne pouvais rien en tirer pour l’écriture. Je pouvais parler du fait de voyager, de communiquer… mais ce n’est qu’à partir du moment on l’on a regroupé quelques idées et que le titre « Love Letters » est apparu que j’ai réellement senti que quelque chose se passait. La seule idée solide au départ était d’enregistrer en analogique…

 

3)      Et quand ça s’est développé par la suite … parce que quand on écoute l’album du début à la fin, il y a réellement un concept…

JM : Oui, d’une certaine façon. Mais ce n’est pas quelque chose que j’ai voulu spécialement, ça c’est fait tout seul et ça s’est fait plutôt bien je pense.

 

4)      C’est votre second album avec le nouveau line-up du groupe, celui qui vous appelez vous-même Metronomy 2.0. Comment pouvez-vous décrire l’ambiance en studio durant l’enregistrement de « Love Letters » ?

JM : C’était différent, il y a avait différentes configurations. Il y avait des sessions plus « électro » durant laquelle Oscar (Oscar Cash, collaborateur de Joseph Mount depuis 2008) et moi travaillions sur nos équipements. Et puis il y avait des sessions plus « fun » quand nous enregistrions tous ensemble. Vous savez quand vous enregistrez avec cet ancien matériel analogique, l’idée est d’enregistrer un morceau en entier en une seule prise et c’était très amusant à faire. Et l’atmosphère était toujours très relax. C’est véritablement dans ce genre d’ambiance que je veux produire un album, une ambiance relax, un album comme cela doit être enregistré dans de telles conditions. Et c’était vraiment bien.

Metronomy, from left, Joseph Mount, Anna Prior, Gbenga Adelekan and Oscar Cash
Metronomy : Joseph Mount, Anna Prior, Gbenga Adelekan et Oscar Cash

 

5)      Et l’enregistrement a pris combien de temps en tout ?

JM : Ca s’est étalé sur plusieurs mois, mais si l’on devait faire une estimation condensée du temps que ça a pris, je dirais que ça a véritablement pris 2 mois et demi. Plutôt bien et court … Oui, ça pourrait être plus court (rires)

 

6)      Mais peut-être pas pour ce genre de musique …

JM : Effectivement, je pense que non …

 

7)      C’est de la musique très produite …

JM : Oui, oui, il faut du temps …

 

8)      Sur l’album précédent, « English Riviera », il y avait une espèce de touche très pop 70’s, un peu à la Fleetwood Mac. Ici sur « Love Letters », le son est peut-être un peu moins précis avec ici un aspect plus Motown. Comment pouvez-vous décrire le son de « Love Letters » ?

JM : Le son est très … très simple. L’idée était que ça devait sonner très simple et minimaliste. Le fait d’enregistrer en analogique a également influencé le son. J’essayais d’obtenir ce son et cette atmosphère très 60’s. J’ai écouté beaucoup de choses durant la réalisation de l’album. Je pensais à la façon dont les musiciens de la Motown ou encore les Beatles enregistraient à l’époque. Ça a été une source d’influence effectivement.

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Love Letters

 

 

9)      Je voulais savoir… quel a été le déclencheur de votre passion pour la musique quand vous étiez enfant ? Avez-vous été inspiré par un artiste, un groupe en particulier ?

JM : Non, ce n’est pas arrivé comme ça. Le point de départ, ça a été la batterie. Je n’étais pas encore vraiment fan de musique mais je cherchais quelque chose d’amusant à faire, je jouais au football aussi, mais je ne trouvais rien d’aussi gratifiant que de jouer de la batterie, de la musique. Je ne me suis jamais dit en voyant quelqu’un à la télévision : « oh, j’aimerais être célèbre comme lui ». Je jouais de la batterie et c’était génial. J’avais 10 ans…

10) Et finalement, je sais que vous êtes très fan des productions léchées. Quel est pour vous l’album le mieux produit de l’histoire?

JM: Mmm…. ce serait quelque chose de Stevie Wonder c’est certain… (il réfléchit longuement). Je dirais « Fulfillingness’ First Finale ».

 

fulfillingnessfirstfinale

 

Quelques clips pour découvrir le groupe :



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Metronomy à l'AB le mercredi 2 avril 2014

Metronomy ne cesse de grandir depuis 2-3 ans. La sortie de The English Riviera, excellent troisième album de la formation en 2011, une véritable merveille mélangeant habilement modernité et ambiance pop-rock 70’s, en avait séduit plus d’un. Mercredi soir, à l’AB, Metronomy présentait son nouvel album, Love Letters, digne successeur d’English Riviera avec cette fois un parfum Motown assumé.

Metronomy - Love Letters tour - 4/2/2014 by Anicée Salvador
Metronomy joue Love Letters (photos : Anicée Salvador)

Le concert était sold out depuis déjà pas mal de temps et, devant la salle, certains auraient bien vendu leur âme pour se procurer le précieux sésame. Après une première partie assurée par le quatuor britannique Woman’s Hour, Metronomy entre sur scène avec Monstrous, un très bon extrait du nouvel album. On sent le public très réceptif mais encore un peu timide.

Metronomy live - photo Anicée Salvador
Joseph Mount et Anna Prior

Après deux autres extraits de Love Letters, le groupe entame The Look, gros single de l’album précédent. L’ambiance est installée.

Metronomy évolue dans un décor très vintage, composé de nuages en carton, qui pourrait nous rappeler notre tendres années « Barbapapa » ou « Le village dans les nuages ».

Si Joseph Mount est le maître de cérémonie, on peut compter également sur la forte présence du bassiste Olugbenga Adelekan, roi du groove et celle de la batteuse rouquine Anna Prior, dont les rythmes métronomiques pourraient nous rappeler ceux de Moe Tucker du Velvet Underground. 

Gbenga Adelekan
Gbenga Adelekan

Oscar Cash et Michael Lovett sont également de la partie, jouant de différents instruments et proposant quelques danses très à propos.

Oscar Cash from Metronomy live in Brussels (photo Anicée Salvador)
Oscar Cash

En plus de jouer de nombreux extraits d’English Riviera et de Love Letters, le groupe revient aussi pour quelques titres sur le plus électro (et moins connus du grand public) : Nights OutHoliday, Radio Ladio ou encore Heartbreaker connaissent une seconde jeunesse dans des versions plus rock que sur l’album.

Metronomy s’amuse beaucoup sur scène et c’est extrêmement communicatif. Le public est réceptif et Joseph Mount ne manque pas de le remercier. Au milieu du concert, on assiste à un moment particulièrement touchant.

Joseph Mount live 2014 (photo : Anicée Salvador)
Joseph Mount

Après avoir joué un titre, le groupe reçoit un tonnerre d’applaudissements. Alors que les musiciens s’apprêtent à entamer un autre titre, le public entame une seconde salve d’applaudissements improvisée, laissant Metronomy sans voix. Mount est visiblement très ému.

Le concert se termine en triomphe sur le très beau et délicat The Most Immaculate Haircut, en troisième titre après le rappel. Le public espère un second rappel, cela aurait été une première pour la tournée mais ça n’aura malheureusement pas lieu.

On garde un excellent souvenir de ce concert. Pour ma part, je me souviens d’une discussion partagée avec Joseph Mount avant le concert alors que je réalisais son interview. Je lui demandais s’il ressentait une connexion particulière avec la Belgique. Même s’il m’avoue ne pas avoir eu le temps de visiter Bruxelles ou de goûter notre impressionnante carte de bières, il se souvient très bien de ses précédents passages chez nous et du moment où le groupe est passé de la petite à la grande salle du Botanique, quelque chose qu’il n’aurait jamais imaginé.

Ce soir-là, les membres de Metronomy étaient les rois de l’AB et seront peut-être prochainement les rois de Forest National, qui sait ?

Retrouvez mon interview avec Joseph Mount de Metronomy (avril 2014) et les photos du concert ici.

 

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Interview de James Edward Bagshaw, leader de Temples et sortie de l'album "Sun Structures"

Je me suis rendu à Londres il y a quelques jours et, à la vitrine de tous les bons disquaires, est mis en avant un album : « Sun Structures » des Temples. Originaire de Kettering (Northamptonshire), le groupe de rock psychédélique a vu le jour en 2012 et aujourd’hui il est considéré comme l’une des meilleures formations britanniques par Noel Gallagher ou par l’ex-Smiths, Johnny Marr. Rencontre avec James Edward Bagshaw, chanteur, guitariste et co-compositeur de l’ensemble des titres avec le bassiste Thomas Warmsley.

sunstructures

 1) Quelques mots sur la création du groupe ?

JB : En fait, au début, ce n’était pas prévu que ce projet devienne véritablement un groupe.  C’était juste Thomas et moi et on échangeait des idées, des idées à propos de morceaux. Et puis on a fini par enregistrer 4 titres nous-mêmes, chez nous. Et puis on les a mis en ligne. Et donc, on a dû donner quelques concerts et c’est ainsi que le groupe – tel que l’on le connait aujourd’hui – a pris forme.

2)  En combien de temps avez-vous enregistré ce premier album « Sun Structures » ?

JB : L’album a été enregistré sur une période d’un an parce qu’au même moment, on n’arrêtait pas de tourner. Si nous n’avions pas autant donné de concerts, cela aurait pris maximum 3 semaines. Mais, là, avec notre agenda de concerts, ça s’est étalé sur une année entière. Finalement ça a donné à l’album un peu d’air… On avait le temps de faire évoluer les titres, il y a des choses inconscientes qui se produisaient lorsque l’on tournait et qu’on était sur la route et puis, en studio, avant d’enregistrer un morceau on se disait « pourquoi n’essayerait-on pas de faire ceci ou cela… ? ».

3)   Un mot sur vos influences musicales. Il est évident – à l’écoute de l’album – que vous avez été influencé par le rock psychédélique des années 60…

JB : Oui et aussi nous aimons la musique classique, Chopin… mais aussi les musiques de film, particulièrement ce qu’a fait John Barry. Une autre source d’inspiration est l’album « Days of Future Passed » des Moody Blues qui a proposé un très bon métissage entre instrumentation classique et pop music avec le travail de musiciens classiques qui jouent très bien, parfois trop même. Evidemment, nous ne disposions pas d’un orchestre classique pour nous accompagner et donc l’album a été écrit avec les limites qui nous ont été imposées. Par exemple,  l’usage d’un mellotron. Mais ça nous a permis de ne pas nous prendre la tête sur certaines orchestrations et ainsi de ne pas perdre l’essence de ce qu’on voulait faire.

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Le mythique « Days of Future Passed » (1967) des Moody Blues, grande influence pour Temples

4)  J’ai vu une vidéo sur Youtube sur laquelle on peut vous voir enregistrer une reprise du Waterloo Sunset des Kinks sur une chaine de radio française.  C’est une très belle version. Que pouvez-vous me dire à propos des Kinks, de Ray Davies, et de leurs influences sur votre musique, sont ils importants pour vous?

JB : Oui, aux côtés d’autres grands groupes britanniques qui dressent un portrait « British » dans leurs musiques. Ce côté excentrique… Ray Davies écrit non seulement de très belles paroles poétiques… lui et Dave Davies, tout cela sonne très anglais. Et si vous êtes anglais, vous avez ce côté presque musicalement patriotique en vous… Vous savez les Kinks, les Beatles, T.Rex, Bowie, Eno… Toutes ces personnes ont ce côté unique, excentrique et une façon très « british » de proposer de la musique.

 

5)   Quand vous étiez enfant, comment avez-vous découvert toute cette musique formidable. Était-ce avec vos parents, vos amis… ?

JB : J’ai commencé assez jeune. Mes parents avaient de bons goûts en musique. Ils étaient surtout branchés par la Motown que j’apprécie beaucoup. Et puis Elvis, les Beatles. Mais je me souviens aussi qu’il détestait particulièrement Bowie et donc je me suis lancé dans une quête pour aimer Bowie …

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