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Etta James nous a quittés

Etta James, une des plus grandes chanteuses américaines, nous a quittés hier à l’âge de 73 ans. Jazz, blues, soul, rock’n’roll, R&B, gospel… Etta James maîtrisait tous les styles. Retour sur une brillante carrière…
De son vrai nom Jamesetta Hawkins, elle voit le jour le 25 janvier 1938 à Los Angeles. Son enfance n’est pas simple. Sa mère, Dorothy, jeune prostituée qui l’a eue à l’âge de 14 ans, refuse de lui dire qui est son véritable père. Fan absolue de jazz, sa mère lui donne le goût de la musique et lui apprend aussi à avoir une attitude « glamour ». Mais Jamesetta a du caractère et est bien décidée à prendre sa vie en main, seule. Adolescente, elle croise le chemin d’un certain Johnny Otis, un jeune impresario reconnu pour avoir popularisé le rhythm & blues (triste ironie de l’histoire, il nous a également récemment quitté ce 17 janvier). Très impressionné par les capacités vocales de la jeune chanteuse, Otis l’emmène en studio et lui fait enregistrer un premier titre « Roll With Me, Henry ». Johnny Otis en profite pour la baptiser « Etta James ». Bien plus qu’un nouveau nom, c’est également une nouvelle attitude qu’elle adoptera désormais. Elle expliquera dans son autobiographie: « J’avais vraiment envie de transformer la petite fille d’église Jamesetta Hawkins en ce personnage d’Etta James, cette salope dure et ferme. Je ne savais pas que j’avais ça en moi ». Mais même si cette image lui colle à la peau, la réalité n’est pas aussi simple: « Je donnais l’impression que j’avais parfaitement confiance en moi, que j’avais tout son contrôle mais en fait je crevais de trouille ».
Grâce au succès de « Roll With Me, Henry », Etta James devient presque instantanément une superstar. Il lui sera cependant difficile de gérer le succès à un si jeune âge et Etta James va malheureusement tomber dans toutes sortes d’excès, notamment une addiction à l’héroïne. Fragilisée, perdue, elle sera la souffre-douleur de certains de ses amants. Souvent victime de brutalités physiques, elle échangera – sur la route – les récits de cette terrible maltraitance avec deux compagnes musiciennes qui ne la comprendront que très bien: Aretha Franklin et Tina Turner, victimes également, à cette époque, de leurs maris abusifs.
Mais fort heureusement, Etta James sera souvent soutenue par ses amis et par certaines personnes du business. Leonard Chess, directeur du légendaire label Chess Records, tente de l’aider et prend en charge les frais d’un séjour en cure de désintox. Malheureusement, cela ne marche pas et Etta James reprend vite ses mauvaises habitudes. Suivront également quelques séjours en prison mais jamais elle n’abandonnera sa première et seule passion: la musique. Musique qui la guidera tout au long de sa vie : elle ne s’arrêtera jamais d’enregistrer, de donner des concerts…
On retiendra d’elle cette voix incroyable notamment sur le classique « At Last » ou encore sur sa version du « I Just Want To Make Love To You » de Willie Dixon que vous pouvez écouter ci-dessous…

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"Working with…": en studio/sur scène avec … David Bowie

Gail Ann Dorsey accompagne David Bowie depuis de nombreuses années. Elle m’a accordé un entretien exclusif dans lequel elle nous parle de son expérience sur scène et en studio avec ce grand artiste et musicien visionnaire…

LR: Quel est votre meilleur souvenir relatif à votre travail avec David Bowie?

Gail Ann Dorsey: Comme vous pouvez l’imaginer, j’ai un nombre incalculable de bons souvenirs relatifs à cette expérience que je considère comme ma meilleure, celle qui m’a donné le plus d’inspiration mais aussi la plus exaltante de ma carrière. Le fait d’avoir l’opportunité d’apprendre et de travailler aux côtés d’un des artistes les plus innovants et les plus brillants a été vraiment un rêve devenant réalité, une véritable bénédiction …

Je pense que j’ai déjà répondu à cette question à l’une ou l’autre occasion, mais je réalise, qu’après toutes ces années, mon meilleur souvenir est toujours resté le même. Donc, je dirai toujours, toute la préparation ainsi que que la soirée du 50ème anniversaire de David Bowie au Madison Square Garden de New York en janvier 1997. C’est vraiment ça! Aux côtés de mes récentes expériences musicales aux côtés de la belle Olivia Newton-John ou de temps que j’ai passé aux côtés de l’extraordinaire Jane Siberry, je ne me suis jamais sentie aussi complète, autant en paix avec même-moi, ou encore aussi consciente de mon pouvoir personnel et de mes dons que lors de ce concert à New York.

(« Moonage Daydream » extrait du concert au Madison Square Garden de New York en janvier 1997)

LR: Racontez-nous une histoire amusante/drôle qui vous est arrivée en travaillant avec David Bowie

Gail Ann Dorsey: Honnêtement, je n’en ai pas une qui me vient en tête comme ça. Je suis certaine qu’il y en a beaucoup, mais rien ne me vient directement à l’esprit à ce propos, c’est peut être le terme « drôle » qui m’arrête. Drôle, amusante, c’est subjectif… Laissez-moi réfléchir …

Bien, en fait, il y a bien une sorte d’histoire amusante… Un jour le coiffeur et maquilleur de David a voulu lui jouer un petit tour et j’étais complice. Je venais alors de m’acheter une perruque de type « Tina Turner »et je la portais parfois sur scène pour ajouter un aspect « théâtral » au concert. Un soir, avant un concert, le coiffeur de David, qui était aussi spécialisé au design de perruque, avait quelque peu arrangé ma perruque. L’assistante de Bowie s’était affolé en me voyant près de la scène et se demandait qui être cette « drôle de femme » qu’elle venait de croiser. Evidemment, après quelques secondes, elle avait fini par me reconnaître, mais elle avait été surprise par le fait que ça me donnait un air totalement différent. Alors, elle s’est demandé si j’arriverai à jouer un petit tour à David. Donc nous nous sommes rendues dans sa loge – je portais ma perruque « Tina Turner » – et m’a présenté comme une vieille amie. Elle a ensuite demandé à David si il se souvenait d’avoir travaillé avec moi sur tel ou tel projets. Il m’a serré la main puis, est resté bien poli et a fait semblant de me reconnaître pendant au moins 30 secondes, puis, finalement, il a réalisé que c’était moi et a bien ri …

Bien… je suppose que c’est plutôt amusant comme anecdote, non?

LR: Votre duo sur scène sur le titre « Under Pressure » avec David Bowie a toujours été un des grands moments des concerts de David Bowie lors des ces 10-15 dernières années. Gardez-vous un souvenir précis de cette performance, aujourd’hui?

Gail Ann Dorsey: Bien, je me souviens de la première fois qu’il m’a demandé de chanter le titre avec lui. C’était ‘backstage’ après un des concerts que nous avions donné avec  Nine Inch Nails en 1995, au tout début de ma collaboration avec David. Il m’avait alors parlé de la version qu’il avait enregistré en duo avec Annie Lennox lors du concert hommage à Freddie Mercury à Wembley en 1992. Non seulement, je suis une énorme fan d’Annie Lennox, mais Queen est mon groupe favoris! Le fait qu’on me demande de me mettre à la place de Freddie Mercury, mon héros, et de m’inspirer du style et de l’intensité musicale d’Annie Lennox était pour moi une proposition incroyable. Je me souviens avoir pleuré… Après ça, j’ai relevé le défi… La suite, c’est juste un autre accomplissement miraculeux de mon incroyable histoire musicale… Je me sens si reconnaissante de cette bénédiction…

LR: Pouvez-vous nous parler de vos projets musicaux actuels?

Gail Ann Dorsey: Je travaille actuellement sur différents projets pour différents artistes et on ne sait jamais ce que l’on va me proposer pour la suite. Demain, je vais commencer à travailler sur un album d’une artiste norvégienne, Rebekka Bakken. Ce sera la première fois que j’aurai l’occasion de travailler avec l’un des mes producteurs favoris: Malcom Burn… Concernant ma carrière solo, je suis en train de tergiverser, comme d’habitude, mais la confiance est là, je peux la sentir …

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