Archives par mot-clé : Robbie Krieger

Ray Manzarek, le clavieriste des Doors, nous a quittés

C’est avec une grande tristesse que j’ai appris ce matin la disparition soudaine de Ray Manzarek, le claviériste des Doors. C’était grâce à l’incroyable symbiose musicale, spirituelle et poétique entre Ray Manzarek et Jim Morrison que les Doors sont nés sur une place de Venice Beach en Californie en 1965…


Et si Ray  n’avait pas été là…

Bien entendu, quand on pense aux Doors, on se souvient tout d’abord de la voix et de l’incroyable charisme de Jim Morrison, mais si l’on veut évoquer le son des Doors, on songe tout de suite au son du clavier. En effet, si la guitare est un instrument présent dans les chansons des Doors, elle avait plutôt un rôle d’accompagnement. Le son des Doors, c’était Ray Manzarek …

Outre le fait d’être un formidable musicien, Ray Manzarek a été un véritable pilier, un fondateur du groupe. Il est fort probable que si Manzarek n’avait pas été là, James Douglas Morrison ne serait jamais devenu Jim Morrison …

L’origine des Doors remonte à une promenade sur la plage à Venice Beach, à Los Angeles, en Californie. Jim Morrison et Ray Manzarek sont deux condisciples de l’UCLA, l’université de Los Angeles, où ils sont tous deux étudiants en cinéma. On est en 1965 et les deux musiciens discutent de leurs passions communes : le cinéma bien sûr, mais aussi le blues et la poésie.

Jim avoue à Ray qu’il a écrit quelques poèmes mais qu’il ne sait pas encore trop quoi en faire. Manzarek demande à Jim de lui réciter un de ceux-ci, Jim, encore assez réservé à cette époque commence à entonner : « Let’s swim to the moon, let’s climb through the dire … »

Ce poème, c’est « Moonlight Drive »… Manzarek est impressionné et touché par ce qu’il entend et lui  dit, tout de go, « pourquoi ne viendrais-tu pas chanter ton poème dans mon groupe ? » Chanter ? James Douglas Morrison ne l’avait jamais vraiment envisagé mais… pourquoi pas ? Début d’une grande aventure …

La symbiose Manzarek/Morrison


Une véritable symbiose musicale, spirituelle, philosophique unissait Jim Morrison et Ray Manzarek. Les deux hommes parlaient le même langage et Ray Manzarek pouvait traduire  – comme personne d’autre –  les mots de Morrison en musique. Manzarek était véritablement le chef d’orchestre du groupe. Sur scène, en plus d’assurer les parties claviers, il assurait les sections basses de la main gauche. Si Morrison était bien entendu un génie mais n’était assurément pas le membre le plus ponctuel du groupe : il arrivait parfois en retard… voire pas du tout. Parce qu’il s’était endormi après avoir trop bu dans un café ou qu’il n’avait même pas quitté son domicile. Ainsi, lors de quelques concerts, Manzarek a remplacé Jim, jouant du clavier, de la basse avec sa main gauche et chantant à  la place de Morrison.

L’après Morrison

Manzarek, dévasté suite à la disparition de Morrison en 71, n’a jamais voulu tourner la page The Doors. Dans le début des années 70, il a sorti avec Robbie Krieger et John Densmore deux albums studios qui ne marcheront malheureusement pas (« Other Voices » en 1971 et « Full Circle » en 1972). Puis en 1978, il décidera avec les deux autres membres des Doors d’enregistrer un nouvel album, « An American Prayer », dans lequel les musiciens accompagneront « virtuellement » Jim Morrison à l’aide d’enregistrements de récitations de poèmes que ce dernier avait enregistré peu avant de mourir.

Manzarek, par la suite, sortira des albums solos, travaillera avec Iggy Pop, et continuera à se produire sur scène et à rendre hommage à la musique des Doors au sein de différentes formations.

Il aura été fidèle à la musique de son groupe fétiche jusqu’à la fin. Fidèle, il l’a également été dans sa vie privée en partageant la vie de sa femme, Dorothy Fujikawa, jusqu’à ses dernier jours. Manzark l’avait épousée à la fin de l’année 67, à l’époque des débuts de la gloire des Doors. C’est Jim Morrison et sa compagne Pamela Courson qui avaient été les témoins de ce mariage.

Ray Manzarek laisse derrière lui sa femme, son fils Pablo ainsi que trois petits-enfants : Noah, Apollo et Camille…

Les réactions suite à la disparition de Ray Manzarek

John Densmore aujourd'hui

Le monde de la musique a bien entendu réagi à cette tragique disparition. Le guitariste Slash a été le premier en déclarant sur Twitter : « Je ne trouve pas les mots. The Doors représentait le son de Los Angeles pour moi »

Ray Krieger, le guitariste des Doors et grand ami de Manzarek, a déclaré : « J’ai été profondément attristé d’apprendre la disparition de mon collègue et ami Ray Manzarek. Je suis juste heureux d’avoir eu l’occasion de jouer des titres des Doors à ses côtés lors des dix dernières années. Ray occupait une énorme partie de ma vie et il me manquera beaucoup »

Le batteur des Doors, John Densmore, avec lequel Manzarek n’entretenait plus spécialement de bonnes relations a déclaré ceci : « Il n’y avait pas d’autre claviériste dans le monde plus approprié que Ray pour appuyer les mots de Jim Morrison. Ray, je me sentais en totale synchro avec toi musicalement. C’était comme si nous ne formions qu’un esprit et qu’on portait la fondation sur laquelle pouvaient s’appuyer Jim et Robby. Tu me manqueras, mon frère de musique … »

Partager

Retour sur "L.A. Woman" le dernier véritable album des Doors…

En décembre 1970, les Doors se retrouvent en studio pour enregistrer « L.A. Woman ». Sans leur producteur Paul Rotchild, les Doors se sentent pousser des ailes et un vent de liberté règne en studio. En effet, sur cet album, devenu aujourd’hui mythique, on retrouve un groupe privé des contraintes de productions qui joue exactement ce qu’il veut et qui rend un ici un fier hommage au son roots du blues…

« L.A. Woman » a été le dernier album enregistré par les Doors en compagnie de Jim Morrison. Autant le dire tout de suite, il s’agit du dernier véritable album des Doors. Certes Manzarek, Krieger et Densmore tenteront de continuer l’aventure sans leur leader charismatique, mais en vain…
« L.A. Woman » est le sixième album des Doors. Sa création ne se fera pas sans peine puisque le groupe connait alors quelques difficultés. Jim Morrison est devenu pratiquement « persona non grata » sur le territoire américain: il est accusé de « comportement indécent », « exhibition indécente », « outrage aux bonnes moeurs » et « ivresse publique » suite à un concert historique donné par le groupe à Miami le 1er mars 1969. Jim Morrison vit tout cela très mal et il est en train de sombrer dans une profonde dépression de laquelle il ne sortira malheureusement jamais. Les 3 autres membres du groupe, même s’ils se doivent d’être solidaire envers leur chanteur, ont du mal à pardonner à celui-ci d’avoir mis en danger l’avenir des Doors. Cependant, le temps passant, les 4 amis se remettent au travail. Ils ont envie de se faire plaisir et de revenir à leurs racines – le blues – et souhaitent proposer un album plus dépouillé, moins « produit » que les précédents. Paul Rotchild, producteur du groupe depuis ses débuts, ne l’entend pas de cette oreille-là. Il qualifie – avec mépris – les démos que lui proposent les Doors de « musique de cocktail »: pour lui, le groupe doit se concentrer sur d’autres compositions et ce projet n’a aucun avenir. Mais Morrison, Krieger, Manzarek et Densmore n’ont pas dit leur dernier mot: pas question d’abandonner « L.A. Woman »… Rotchild n’en veut pas? Qu’il aille au diable, ils le feront sans lui…
Jim Morrison et Robbie Krieger lors de sessions d'enregistrement de L.A. Woman
Morrison et ses 3 musiciens se lancent donc dans la production de cet album avec la collaboration de Bruce Botnick, leur ingé son depuis le début qui se hisse ici au statut de co-producteur de l’album. Pour enregistrer ce disque dans des conditions idéales, le groupe se rend dans sa salle de répétition très justement baptisée très « The Doors Workshop » située juste au-dessus du bureau administratif des Doors, au 8512 sur Sunset Boulevard à Los Angeles. Ici, pas question d’enregistrer le morceau en 30 prises ou instrument par instrument: l’essentiel de l’enregistrement se fait dans des conditions « live », les musiciens jouant ensemble, accompagnés par la voix de Morrison. Le résultat est splendide: on a l’impression de retrouver le groupe des débuts, celui qui nous avait proposé le somptueux album « The Doors » en 1967. Malheureusement, on connait la suite. Quelques mois plus tard, Jim Morrison s’envole pour Paris et il n’en reviendra jamais. « No One Gets Out Alive », « Personne ne s’en sort vivant », c’est vrai, mais à 27 ans, cela reste trop, bien trop tôt…
Warner vient de ressortir l’album pour son 40ème anniversaire. Encore, me direz-vous. Mais force est de constater que cette nouvelle version présente, cette fois, un réel intérêt. Outre d’être le 192ème remaster du catalogue, cette édition « 40ème » propose un second disque contenant des versions alternatives de la plupart des titres de l’album ainsi que les titres bonus « She Smells So Nice » et « Rock Me ». Les versions alternatives apportent un réel plus pour les fans car si l’album a déjà cet aspect direct et spontané qui en fait sa qualité, ces autres « takes » poussent la spontaneité encore un peu plus loin et on a parfois l’impression d’être dans les studios avec le
groupe tant elles ont un aspect intime et agréable.
Note: 4/5 (The Doors: L.A. Woman 40th Anniversary 2012/Warner)
Partager