Il y a 55 ans aujourd’hui sortait “Another Side of Bob Dylan”, le quatrième album du “folker” américain.
Un grand succès qui sera cependant fortement critiqué à sa sortie. Certains observateurs remarquent que Dylan ici s’éloignent de plus en plus de son folk engagé au profit de thématiques plus personnelles.
C’est aussi le dernier album de Dylan qui propose un folk purement acoustique.
A partir de “Bringing It All Back Home”, qui sortira début 65, Dylan commencera à “électriser” sa musique, ce qui lui vaudra à nouveau de nouvelles attaques de la presse et d’une partie de ses fans.
Le saviez-vous? Le classique “I Ain’t Me” – présent sur l’album – évoque le voyage que Dylan avait fait en Italie à l’époque pour tenter de reconquérir le coeur de Suze Rotolo, partie aux études là-bas. C’est elle que l’on retrouvait en compagnie de Dylan sur la célèbre pochette de l’album “The Freewheelin’ Bob Dylan” en 1963.
Ce week-end, j’ai eu l’occasion de visiter l’expo “Van Gogh au Borinage: la naissance d’un artiste” au BAM à Mons, une exposition que je vous recommande. C’est aussi l’occasion de revenir sur quelques titres rock rendant hommage à l’artiste…
Comme son nom l’indique, l’expo se focalise sur une période formative pour l’artiste durant laquelle il va s’inspirer de la misère qui règne alors au Borinage pour se lancer premièrement dans le dessin, puis dans la peinture. A travers des documents (lettres échangées avec son frère), des premiers croquis et des toiles, on se plonge dans l’état d’esprit de cet artiste torturé, à la recherche de son style. Dans ce musée, vous ne trouverez pas les plus célèbres œuvres de l’artiste, mais cette exposition est une excellente introduction pour une visite du musée Van Gogh d’Amsterdam. A conseiller aussi, une visite accompagnée par un guide qui permettra aux plus novices de mieux décoder les différentes étapes de la carrière du peintre.
Mais revenons au sujet musical qui nous occupe ici. Quelques artistes ont souhaité rendre hommage, à leur façon, au génie de Van Gogh. En voici une sélection:
Don McLean – Vincent (1971)
Le “folker” américain Don McLean publie un très bel hommage à Vincent Van Gogh. Baptisé simplement “Vincent”, sur son célèbre album “American Pie”, sur lequel figure la non moins célèbre plage titulaire, hommage elle à Buddy Holly. Interviewé pour le Telegraph en 2010, Don Mclean se souvient : “J’étais assis dans la véranda un matin et j’étais en train de lire la biographie de Van Gogh, et, tout d’un coup, j’ai su que je devais écrire un titre pour prouver qu’il n’était pas fou. Il était atteint d’une maladie comme son frère Theo (…). Donc je suis mis à écrire les paroles du titre sur un bout de papier”
Extrait des paroles (traduction en français) :
“Je comprends maintenant ce que tu as essayé de me dire, Combien tu as lutté pour ne pas perdre l’esprit, et comment tu as tenté de les libérer. Ils refusaient de t’écouter, Ils ne savaient pas comment faire Peut-être le feront-ils maintenant.
Nuit, nuit étoilée, Des fleurs éclatantes (couleur feu) qui resplendissent, Des nuages tourbillonnants en brume violette se reflètent dans les yeux bleu de Chine de Vincent”
Bob Dylan - Positively Van Gogh (1966)
En 1966, Bob Dylan joue ce très bel hommage à Van Gogh dans un petit appartement de New York en compagnie de son ami, le critique musical Robert Shelton. Malheureusement, le titre ne sera jamais réellement terminé et ne sortira pas officiellement.
Jonathan Richman – Vincent Van Gogh (2004)
Originaire de la scène musicale de Boston, Jonathan Richman se fait connaitre comme leader des Modern Lovers, un des groupes fondateurs du punk, épaulé par John Cale du Velvet Underground. Par la suite, Richman poursuit une brillante carrière solo en construisant ce personnage mélangeant une pointe de naïveté à une forte dose de romantisme et de rock attitude. Après avoir chanté Pablo Picasso (qui sera repris bien plus tard par David Bowie en 2003) à l’époque de Modern Lovers ou Vermeer en 2008, il chante Van Gogh en 2004 sur son album “Not So Much to Be Loved as to Love”. A noter que Jonathan Richman avait déjà enregistré une version de ce titre bien plus tôt en compagnie des Modern Lovers.
Extrait des paroles (traduction en français):
“Avez-vous déjà entendu parler du peintre Vincent Van Gogh? Qui aimait la couleur et qui le montrait Ici, dans le musée, que peut-on voir? Le peintre le plus redoutable depuis Jan Vermeer Il aimait, il aimait, il aimait tellement la vie Ses peintures ont deux fois plus de couleurs que celles des autres Tellement, tellement plus que de couleur que le monde doit savoir Que l’homme aimait la couleur et le montrait
Joni Mitchell – Turbulent Indigo (1994)
La folkeuse Joni Mitchell rend hommage à Van Gogh sur son album “Turbulent Indigo” et particulièrement sur la plage titulaire. A noter que le pochette de l’album, que vous pouvez voir ci-dessous, est un pastiche d’un des fameux autoportraits de Van Gogh.
C’est à l’âge plus que respectable de 94 ans que Pete Seeger s’en est allé. Son nom ne dit probablement rien au grand public mais pour les amateurs de rock, Pete Seeger fait certainement remonter quelques souvenirs à la surface. On sait qu’il a été un élément important dans l’histoire du rock mais on ne connait pas toujours précisément son rôle dans cette saga qui nous passionne toutes et tous.
« Armé » de son banjo, Pete Seeger a rêvé de changer le monde. Il a joué dans les années quarante aux côtés de Woody Guthrie, autre icone de la contestation folk, avant de former son propre groupe, les Weavers en 1948 dans le Greenwich Village à New York. Ce quatuor aura une énorme influence sur certains « folkeux » dans les années soixante : on pense notamment à Jefferson Airplane…
Grand sympathisant de la gauche américaine et du parti communiste, Seeger a subi les foudres du Maccarthysme dans les années cinquante. Seeger est condamné à la prison… Heureusement, la peine ne sera jamais exécutée. Il est cependant interdit dans de nombreuses salles de concerts américaines et est exclu de la télévision de l’Oncle Sam ainsi que dans la plupart des campus universitaires.
Cela ne l’empêche pourtant pas de continuer à écrire… Dans les années soixante, il refait surface et s’engage activement dans la lutte contre la guerre du Vietnam et devient l’une des icônes des musiciens qui flirtent alors avec folk et rock, figures du mouvement hippie.
Mais son engagement ne s’arrête pas là, dans les années quatre-vingt et nonante, il est toujours très actif. Pete Seeger n’arrêtera jamais de militer, de contester, de défendre des causes. En 2003, il manifeste sa désapprobation vis-à-vis de la guerre d’Irak; plus récemment, en 2011, on le voit accompagner les jeunes militants au sein du mouvement « Occupy Wall Street ».
Finalement, on verra pour la dernière fois Seeger sur scène lors du Farm Aid 2013, grand concert caritatif, durant lequel on le voit interpréter pour une dernière fois l’emblématique « This Land Is Your Land » de son ami Woody Guthrie, aux côtés de Neil Young et Willie Nelson. Emouvant….
En guise de conclusion de cet hommage à Pete Seeger, rappelons-nous de ces paroles d’Arlo Guthrie, fils de Woody, et également grand militant du folk : « Chaque enfant qui s’est un jour assis autour d’un feu de camp en chantant une vieille chanson est d’une certaine façon redevable à Pete Seeger ».
Ci-dessous “We Shall Overcome”, classique du répertoire de Pete Seeger et véritable hymne du Mouvement des droits civiques aux Etats-Unis
Le 31 janvier dernier, Leonard Cohen nous a dévoilé son douzième album intitulé “Old Ideas”. En 2012, la sortie d’un nouvel album de Leonard Cohen peut-elle être encore considérée comme un événement? Oui, la réponse est oui car c’est un grand cru que nous propose ici l’artiste canadien …
Premier album studio de Leonard Cohen depuis 8 ans, “Old Ideas” est sans aucune hésitation un large cran au-dessus que le précédent “Dear Heather” sorti en 2004. Cohen a sorti peu d’albums en un peu plus de 40 ans de carrière et rares sont ceux qui sont de mauvaise qualité mais “Dear Heather”, ni mauvais ni bon, m’avait vraiment laissé sur ma faim. Pourquoi? Parce que, normalement, chaque album de Cohen a sa propre atmosphère, sa propre ambiance et son propre langage. Ce n’était pas le cas de “Dear Heather”: il manquait quelque chose d’indéfinissable, ce petit plus qui est la marque de fabrique de la plupart des oeuvres de la discographie de Cohen. Avec “Old Ideas”, la magie opère dès la première seconde. On sait, on sent directement que l’on a affaire à un grand disque du poète. Certes, sa voix est plus grave que jamais et on a parfois envie de lui tendre une pastille pour la gorge. Certes il a vieilli, il sait et chante qu’il ne lui reste plus beaucoup de temps devant lui (“The Darkness”) mais Cohen reste fidèle à lui-même: la voix a changé mais il est le même gars qui, en 1967, a décidé de laisser de côté une brillante carrière de romancier pour se lancer dans la musique. Quarante-cinq ans après ses débuts, Cohen continue à nous toucher avec la même intensité… Que l’on aime ou l’on n’aime pas Cohen, il est impossible de rester indifférent face à cet album qui est une réussite totale et un grand succès un peu partout dans le monde. “Old Ideas” est, pour ceux qui connaissent bien l’univers de Dylan, son “Time Out of Mind”. Il ne nous reste plus qu’à attendre patiemment une nouvelle tournée afin d’apprécier en public ces nouvelles et superbes compositions …
Leonard Cohen – “Old Ideas” (Sony) : mon avis, ma note: 4/5